Cette période troublée et confuse nous a arrêtés dans notre frénésie d’activités, nous a convoqués, nous a obligés à réfléchir, à regarder dans les yeux le monde dans lequel nous vivons et cela nous a, j’espère, permis de voir plus précisément ce que nous infligeons à la planète et à l’écosystème dont nous faisons partie. Je sais bien que nous en étions déjà avertis… mais le réalisions-nous vraiment ?

Seulement deux mois d’arrêt et déjà la nature va un peu mieux !

Dans la dernière vidéo qui a été mise sur le site j’avais pointé le fait que nous avions pollué la terre, l’eau, le feu (par le feu atomique), l’air, et que maintenant nous achevions de polluer l’espace en envoyant des milliers de satellites qui vont le quadriller entièrement pour permettre à la 5G de fonctionner partout dans le monde. 

Je vous avais dit que nous devions observer notre avidité ! Nous avons été conditionnés à vouloir toujours plus, toujours mieux, comme si c’était un dû, comme si c’était respectable ! Et je vous avais suggéré de ne rien changer… mais juste de voir, sans zapper… 

Voir intensément ce qui est là, tout de suite, permet aux situations de changer d’elles-mêmes, de suivre leur propre mouvement organique et ce mouvement n’est pas vécu par nous alors comme une souffrance. C’est notre résistance par manque de discernement qui nous fait souffrir.

J’avais fait un parallèle avec le schéma de l’énergie que les yogis nous ont légué, vous avez probablement tous entendu parler de cette carte du corps subtil où l’énergie traverse des centres ou roues ou chakras et vous vous souvenez peut-être que ces chakras correspondent aux éléments, du plus solide au plus subtil, du bassin à la gorge… 

La terre (Mūlādhāra), l’eau (Svādhiṣṭhāna), le feu (Maṇipūra), l’air (Anāhata) et l’espace (appelé éther autrefois ) (Viśuddha ).

D’autres enseignements traditionnels ont aussi nommé cet élan de l’énergie qui retourne à sa source, chacun à leur manière.

Dans notre paysage actuel nous sommes obligés de constater que ces éléments constitutifs de notre réalité sont brouillés, souillés, affaiblis… qu’ils ne sont plus dans la plénitude de leur beauté et de leur puissance…

Il ne s’agit pas ici de se morfondre ou même de s’accuser de quoi que ce soit, mais juste d’observer ce qui se présente à nous tel quel. Dans l’instant. Voir, libérer notre discernement pour être en phase avec, dans le mouvement de, ce qui se passe.

Nous observons qu’après le chakra de la gorge, dans ce schéma des yogis il y a un chakra très puissant au niveau du front qui s’appelle Âjnâ, ce qui veut dire :  le commandeur. Ce centre se réfère à des aspects subtils de nous-mêmes. 

Et cela nous signale que nos sensations, nos émotions, nos pensées, nos souvenirs, nos intuitions sont plus subtils que l’espace ! 

Et nous savons aujourd’hui qu’ils vont plus vite que la lumière dans l’espace… et même, qu’ils ne sont nulle part dans la matière…

Les traditions (dont celle de l’Inde qui nous intéresse quand nous pratiquons le yoga) nous expliquent que la création se fait en réalité du subtil vers le concret… et non le contraire comme la science nous le suggère. Pour la science ce qui se passe dans le cerveau (d’après eux), nos sensations, nos pensées etc… sont des produits dérivés du corps physique développés pour interagir avec le monde matériel. 

Pour la tradition c’est la Conscience qui crée, qui précipite la matérialisation, à travers tous les niveaux, du plus subtil jusqu’au plus grossier… ce que nous percevons comme matière… tout en restant elle-même !

Dans ce processus on réalise que c’est ce centre Âjnâ en nous  qui projette, gère la manifestation, c’est pour ça qu’il est appelé ”le commandeur”.

Et en fait, si on regarde bien, on expérimente cela tous les jours… intimement et on le sait.

Si on continue notre réflexion à partir de ces éléments, qu’est-ce que ça nous dit de ce qui est en train de se profiler dans notre monde ?

À ce niveau d’Âjnâ chakra, nous sommes face à notre propre volonté de contrôle.

Et le yoga illustre cela très bien, car comme tout, il y a deux aspects au yoga et deux manières de le pratiquer :  

— ou on fait du yoga pour tout contrôler de plus en plus et de mieux en mieux, le corps, le souffle, les pensées, les émotions…

— ou on pratique pour sortir au contraire du contrôle, pour sentir, pour laisser advenir, pour écouter, pour être disponibles… pour laisser tous les aspects de nous-mêmes se présenter à notre conscience et s’harmoniser…

Et là non plus on ne choisit pas l’un ou l’autre ou on ne croit pas qu’on peut choisir, on fait ce qui vient et on observe. 

Choisir c’est encore du contrôle !

Nous observons, nous discernons ce qui est là !

Mais voilà ce à quoi nous voulons échapper : si on accepte de faire face, si on ne se cache plus derrière toutes sortes de faires, il se pourrait bien que cette nouvelle situation instabilisante, fasse apparaître en nous de la peur. 

Car le contrôle, tous les contrôles, sont là pour cacher la peur. 

Et cette peur qui peut apparaître est une peur diffuse, elle s’installe avant qu’on ait pu lui donner un nom, des raisons, des causes, des justifications… et on ne peut pas la maîtriser…

Or cette peur est salvatrice, ne l’occultez pas. 

Elle est le passage étroit qui peut nous amener au non-contrôle !

Cette déstabilisation, cette vulnérabilité, cette insécurité, sont le passage étroit du retour de la conscience vers elle-même !

Et le non-contrôle ce n’est pas faire n’importe quoi ou rien du tout, c’est laisser la spontanéité (Sahaja) de notre Être agir. 

On se laisse agir…  et tout se fait dans cette spontanéité, aussi bien le ménage, que les impôts, que la pratique du yoga ! 

Tout se fait sans la moindre volonté de bien faire… librement, harmonieusement, sans effort.

Le monde qui apparaît devant nos yeux précise cela de manière radicale : 

— ou nous restons enfermés dans nos peurs parce que nous nous les cachons à nous-mêmes, nous nous en distrayons constamment et nous devrons très probablement faire face à un monde dictatorial de contrôle… 

— ou nous laissons la peur nous traverser quand elle se présente, nous restons disponibles, à l’écoute et nous accédons à la spontanéité, à l’intuition créatrice et à l’harmonie…

Encore une fois il ne s’agit pas de choix, mais de discernement, de clarté d’esprit.

Bonne pratique !

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